Présidence LR : Wauquiez garde son influence dans le Rhône

Le duel entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau pour la présidence des Républicains s’est aussi joué dans le Rhône ce mois de mars. En marge d’un déplacement dans la région lyonnaise, le ministre de l’Intérieur a organisé un meeting à Saint-Priest le 14 mars, tandis que le président du groupe LR à l’Assemblée a réuni ses fidèles le lendemain midi, à Saint-Georges-de-Reneins dans le Beaujolais.

« Les salles étaient pleines des deux côtés. Cela montre qu’il y a de l’intérêt pour cette élection interne, souligne l’unique député LR du Rhône Alexandre Portier, présent lors de ces deux rassemblements. La droite intéresse de nouveau. Ce n’était plus le cas ces dernières années, on revient de très loin… »

Après le départ du président sortant Éric Ciotti, conspué en interne après son alliance avec le Rassemblement national pendant les législatives, la droite cherche aujourd’hui son nouveau leader, capable de construire les bases d’un projet fédérateur en vue de 2027.

Les cadres du parti veulent surtout éviter le scénario fratricide d’une « Guerre des Chefs » entre les deux candidats et appellent au calme après les quelques piques envoyées d’un côté comme de l’autre du ring. « Il y a de la compétition et de l’enjeu donc ça chauffe parfois. C’est une campagne musclée, mais il ne faut pas non plus dramatiser les choses », témoigne ce cadre local du parti.

Gascon, de Montille et Buffet derrière Retailleau

Dans le Rhône, l’affiche entre les deux ténors du parti, tous deux positionnés sur une ligne très droitière, alimente forcément les discussions. Chaque camp décompte minutieusement ses soutiens. Candidate potentielle à la mairie de Lyon, Béatrice de Montille, très applaudie lors du meeting de Saint-Priest, roule pour Bruno Retailleau. Tout comme le conseiller municipal Romain Billard, l’ancienne conseillère régionale Anne Lorne ou encore le sénateur Etienne Blanc.

« Il faut choisir la personne capable de rassembler le plus largement possible pour être au second tour en 2027. L’enjeu est considérable et je pense que Bruno est l’homme de la situation », indique l’ancien maire de Divonne, qui a côtoyé le ministre vendéen sur les bancs du Sénat ces dernières années.

Même son de cloche pour le président du groupe LR à la Métropole de Lyon, Gilles Gascon : « Bruno incarne l’espoir du peuple de droite, le renouveau de notre famille politique. C’est un homme d’action dont la main ne tremble pas », indique l’élu, fier d’accueillir le locataire de Beauvau dans sa commune de Saint-Priest et de s’afficher à ses côtés face aux médias.

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Le ministre lyonnais François-Noël Buffet figure aussi dans ce comité de soutien : « J’ai l’habitude de collaborer avec lui depuis longtemps et nous travaillons ensemble au quotidien à Beauvau. Donc mon choix se porte naturellement sur Bruno Retailleau », justifie le ministre auprès du ministre de l’Intérieur.

La plupart des élus du Rhône derrière Wauquiez

Ces quelques belles prises de guerre ne suffisent pas pour équilibrer le match dans le Rhône. « Mis à part Buffet qu’il connaît très bien, Retailleau n’est soutenu à Lyon que par des gens qui se sont construits dans l’anti-Wauquiez. Ça ne pèse pas lourd », décrypte ainsi un élu LR.

Si Véronique Sarselli, la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon, désignée future candidate de la droite aux métropolitaines de 2026, et Sébastien Michel, le maire d’Écully, ont annoncé ne pas prendre position, la quasi-totalité des maires, parlementaires, conseillers régionaux ou métropolitains du territoire s’inscrivent derrière l’ancien président de Région.

« L’influence de Laurent Wauquiez est encore très forte ici. Nous avons partagé de nombreuses batailles à ses côtés, donc il est normal d’avoir ces liens de proximité », renseigne le maire de Bron et coprésident de la fédération LR du Rhône, Jérémie Breaud.

« Je soutiens Laurent par fidélité, loyauté et amitié, mais aussi parce qu’il sera pour moi le meilleur dans ce rôle, prolonge Pierre Oliver, désormais candidat déclaré à la Ville de Lyon. Il faut avoir du temps pour animer le parti et reconstruire la droite. Bruno au ministère et Laurent au parti, c’est un scénario qui me plaît bien. »

Laurent Wauquiez au plus près des militants

Sur la scène locale, Laurent Wauquiez peut aussi compter sur le soutien des sénateurs Paul Vidal et Catherine Di Folco, du président de Région Fabrice Pannekoucke ou des vice-présidents régionaux Laurence Fautra, Catherine Staron, Philippe Meunier ou Renaud Pfeffer.

« Notre chef de parti doit avoir une parole libre et indépendante, notamment vis-à-vis de François Bayrou et de son gouvernement. En étant à l’extérieur de ce gouvernement, Laurent Wauquiez dispose d’une vraie liberté de parole. Et ce n’est pas le cas de Bruno Retailleau », détaille le député et ancien ministre Alexandre Portier.

Au lendemain du meeting du ministre de l’Intérieur à Saint-Priest, tenu devant plus de 600 personnes, l’élu auvergnat a rassemblé de son côté près de 250 militants à Saint-Georges-de-Reneins.

« L’un fait les grandes salles par manque de temps parce qu’il est ministre de l’Intérieur, et l’autre fait dix déplacements par semaine à la rencontre des militants, soutient Jérémie Breaud. Dans le Beaujolais, Laurent a pris le temps d’échanger avec tout le monde. Il est arrivé à 12 heures, il est reparti à 16 heures. »

Dernière ligne droite avant l’élection

Si Bruno Retailleau compte aujourd’hui quelques longueurs d’avance sur son adversaire d’après les derniers sondages, le match n’est pas pour autant plié d’avance pour les soutiens lyonnais de Laurent Wauquiez.

« Ce sont les adhérents qui font l’élection, pas les meetings ou les sondages, rappelle un élu local. Je peux vous dire que Laurent se démène avec son équipe pour faire signer des cartes d’adhésion partout sur le territoire. Ils font des textos à tout leur carnet d’adresses. Je les ai vus faire signer 300 ou 400 adhésions en une heure à l’issue d’une réunion. C’est parfois grâce à cela que vous l’emportez. On fera les comptes le jour de l’élection le 17 mai. »

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