LE MENSUEL DES POUVOIRS LYONNAIS

Comment Bénédict Buisson a repris Jieldé à la disparition de son père

Bénédict Buisson, 34 ans, a repris le flambeau de la marque lyonnaise de luminaires Jieldé fin 2023 après le décès soudain de son père, Philippe Bélier. Une transmission d’entreprise en urgence à laquelle cette architecte d’intérieur de formation n’était pas du tout préparée.

Douleur et précipitation

« Il a fallu prendre une décision très rapidement, en moins d’une semaine. Mon père dirigeait Jieldé depuis plus de 20 ans, c’était un peu comme son troisième enfant. Alors on n’a pas hésité avec mon frère : on ne pouvait pas laisser tomber l’entreprise et ses collaborateurs. »

© Aude Lemaître

C’est dans la précipitation et la douleur du deuil que Benedict Buisson reprend au pied levé, en novembre 2023, les rênes de Jieldé (11 salariés, 2 millions d’euros de chiffre d’affaires par an). Son père, Philippe Bélier, disparaît soudainement et il faut trouver une solution en urgence pour le petit atelier lyonnais de luminaires aux inspirations industrielles dont la renommée dépasse largement les frontières françaises (40 % de ventes à l’export sur les 10 000 lampes fabriquées chaque année à Saint-Priest).

« Pour moi, Jieldé, c’était les lampes de papa. J’ai grandi avec l’entreprise, c’est là où j’ai ensuite fait mes premiers jobs étudiants… Mais rien n’était programmé. Quand on évoquait avec lui la pérennité de l’entreprise, on en parlait comme d’un projet lointain », explique la trentenaire, accompagnée dans cette reprise par son frère Tanguy qui ne joue pas de rôle opérationnel au quotidien, mais participe aux grandes décisions de Jieldé. La marque reste donc dans le giron familial.

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Direction d’entreprise et design d’intérieur

Après des études d’architecte d’intérieur à Lyon, Bénédict Buisson, biberonnée au Pink Floyd, met d’abord le cap sur Londres (2015-2019). C’est là qu’elle commence sa carrière de designer d’intérieur, avant de revenir à Paris pour intégrer une agence d’architecture (2020-2023). Puis de fonder avec son mari, tout début 2023, l’agence de design d’intérieur parisienne BuissonBuisson.

« Je n’ai plus le temps de suivre les chantiers, mais je continue de travailler pour l’agence en parallèle de Jieldé. C’est important pour moi, je ne veux pas rompre le lien avec mon métier d’origine qui fait vraiment partie de mon ADN », expose Bénédict Buisson.

« Pour moi, Jieldé, c’était les lampes de papa »

Et, un an et demi après le chamboulement de la reprise, la présidente de Jieldé assure être aujourd’hui « plus sereine ». Déjà parce que l’entreprise se « porte bien ». Aussi parce qu’elle a su s’entourer de plusieurs consultants et mentors pour amortir le choc de cette transmission soudaine.

Ainsi, le cabinet d’expertise comptable Sadec Akelys a dans un premier temps pris les choses en main sur le plan juridique et administratif. « Je ne crois pas au modèle de la self made woman. Les dirigeants d’entreprise se doivent d’être accompagnés parce que tout seul, on ne fait rien », affirme Bénédict Buisson.

L’ombre du père

Maintenant qu’elle a pris ses marques, Benedict Buisson entend donner « une nouvelle dynamique » à l’atelier de luminaires articulés. « L’entreprise a vraiment un potentiel extraordinaire. Tout le monde a déjà vu des produits Jieldé, mais on ne sait pas toujours comment la marque s’appelle ni d’où elle vient. Je veux donc communiquer d’avantage autour de nos produits », explique la dirigeante, qui n’annonce pas de révolution.

« Jieldé s’apprête à fêter ses 75 ans en 2027, c’est donc une vieille dame qu’il ne faut pas trop brusquer », sourit Benedict Buisson qui ne projette ainsi pas de lancement de nouveaux modèles dans l’immédiat. « Je ne me sens pas encore prête. Et puis mon père avait lancé beaucoup de produits ces dernières années », précise-t-elle.

La priorité de ces 18 derniers mois était ailleurs que le renouvellement de la gamme. Mais plutôt de commencer par créer un lien avec les collaborateurs et l’ensemble des partenaires de Jieldé. Avec, pour Bénédict Buisson, une question récurrente lorsqu’elle prend une décision : « Et papa, il en aurait pensé quoi ? ».

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BIO EXPRESS

23 avril 1991 : Naissance à Lyon
2002 : Son père Philippe Bélier reprend la marque Jieldé
2015-2020 : Débute sa carrière de designer d’intérieur à Londres
2023 : Fonde l’agence de design d’intérieur BuissonBuisson avec son mari
Novembre 2023 : Décès de Philippe Bélier, Bénédict Buisson prend la présidence de Jieldé

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