Pire que les élections européennes de mai 2019 qui avaient vu son poulain, François-Xavier Bellamy mordre la poussière à 8,8% des suffrages, entrainant la démission de Laurent Wauquiez de la présidence de LR dans la foulée, les 25,7% de ce dernier face aux 74,3% de Bruno Retailleau sonnent comme un cinglant désaveu pour Laurent Wauquiez.
Celui qui avait profité de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 pour se faire élire député de la Haute-Loire en juillet et prendre à la hussarde la présidence du groupe parlementaire la Droite Républicaine dans la foulée, pensait alors parachever son retour au 1er plan chez LR en reprenant la présidence d’un parti qu’Eric Ciotti avait quitté avec armes et bagages pour s’allier à Marine Le Pen et le RN aux législatives.
« Les chiens aboient, la caravane passe »
Si la 1ère partie de son plan s’est mise en place sans accroc à l’Assemblée nationale, tout s’est enrayé à partir de la constitution du gouvernement de Michel Barnier, lorsque Laurent Wauquiez a expliqué au Savoyard qu’il voulait l’Intérieur ou rien, refusant notamment la forteresse Bercy. Bruno Retailleau s’est très vite imposé comme le poids lourd du gouvernement, confirmé par François Bayrou, le nouveau Premier ministre après la censure voté contre le gouvernement Barnier.
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Laurent Wauquiez pensait que la voie était libre pour l’élection à la présidence de LR. Sauf que Bruno Retailleau, déjà candidat à la précédente élection du patron de LR (46,3% face à Eric Ciotti 53,7%), surfant sur sa popularité ne lui a laissé aucune chance. Aucun des arguments sur le thème « On ne peut pas être en même temps ministre de l’Intérieur de président de LR », « On n’est pas libre et indépendant dans un gouvernement macroniste » n’a eu de prise sur les électeurs LR.
Pas plus que la proposition d’envoyer les OQTF (obligation de quitter le territoire français) à Saint-Pierre-et-Miquelon. Malgré une campagne menée tambour battant avec 2 voire 3 meetings par jour, Laurent Wauquiez boxait dans le vide. Son adversaire a avancé et déroulé sa campagne sans tenir compte de celle de Laurent Wauquiez. Mis à part la petite phrase très polémique « les chiens aboient, la caravane passe », Bruno Retailleau s’est laissé porter par les vents favorables, ne perdant pas une minute, en revanche, pour réagir sur le moindre fait divers et toutes les questions liées à l’immigration.
Eric Ciotti parti, Laurent Wauquiez en panne de soutien
Avec le départ de LR d’Eric Ciotti, Laurent Wauquiez avait perdu son principal soutien et notamment beaucoup de militants du Sud de la France. Et, même si LR est passé de 44 000 adhérents en février 2025 à 121 617 en avril, la planche à adhésion a visiblement plus fonctionné pour Bruno Retailleau que pour l’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Comment Laurent Wauquiez va-t-il rebondir après un tel échec personnel ? Car c’est toute sa stratégie en vue de 2027 qui est battue en brèche. Accentuer la pression sur le gouvernement et son ministre de l’Intérieur ? Demander le départ des ministres LR du gouvernement à plus ou moins brève échéance ? Mais avec quelle légitimité quand on ne pèse que 25% du parti. De plus, les plus gros bataillons de parlementaires LR ne sont pas à l’Assemblée nationale, mais au Sénat derrière Bruno Retailleau.
Coup dur pour Pierre Oliver
Avant même la présidentielle de 2027, il va y avoir les municipales de 2026. A Lyon, la défaite de Laurent Wauquiez est un coup dur aussi pour Pierre Oliver, le maire du 2e arrondissement, fidèle soutien du député de la Haute-Loire. Pierre Oliver refuse de se rallier à Jean-Michel Aulas, là où tous les pro-Retailleau de la Métropole lyonnaise ont déjà fait acte d’allégeance auprès de l’ancien président de l’OL, qu’il s’agisse Béatrice de Montille, François-Noël Buffet, Etienne Blanc, plusieurs élus du 6e (comme Samuel Soulier), Gilles Gascon, le maire de Saint-Priest et quelques autres.
Pierre Oliver a choisi de maintenir sa candidature le plus longtemps possible, estimant pouvoir faire monter les enchères auprès de Jean-Michel Aulas et négocier au mieux son ralliement plus tard. L’épisode de la présidence de LR ne va pas lui faciliter la tâche. Et ce d’autant plus que l’ex-boss de l’OL n’aura pas de mal à lui expliquer qu’il a déjà le soutien de beaucoup d’élus LR… Bref, l’onde de choc de l’élection à la présidence de LR ne sera pas sans incidence à Lyon aussi.
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