Thierry Roche, le radical devenu sensible

Thierry Roche faisait partie, dans les années 2000, des architectes pionniers à placer la performance énergétique au cœur de ses réalisations, avec, à son actif, la conception des premiers bâtiments à énergie positive livrés en France, dont la Cité de l’environnement de Saint-Priest. « À cette époque, mon approche était radicale, il fallait être dans la performance énergétique », retrace le fondateur de l’Atelier Thierry Roche & Associés.

Il a, depuis, fait son autocritique sur cette radicalité assumée, après avoir mené plusieurs enquêtes sociologiques auprès des utilisateurs au quotidien de ses réalisations : « Nous sommes sans doute allés trop loin dans cette recherche de la performance énergétique. Ces constructions n’étaient pas forcément comprises et admises des usagers… », avoue l’architecte de 62 ans, qui milite désormais pour une approche de la « ville sensible » dont il organise, fin juin, les premières Assises internationales à Lyon.

« Cela veut dire regarder la ville par le prisme des émotions et de la perception, une ville à l’écoute du ressenti de ses habitants, où chacun trouve véritablement sa place entre performance énergétique, technologie et bien-être », détaille Thierry Roche qui a notamment pour réalisations emblématiques le bâtiment Coriolis de l’École nationale des ponts et chaussées (où il enseigne), le spectaculaire siège du Crédit Agricole Centre-Est à Champagne-au-Mont-d’Or, le campus de la Catho (université catholique) dans les anciennes prisons de Lyon, le centre de formation de l’OL à Meyzieu ou encore la reconversion du site de l’Antiquaille à Fourvière.

L’architecte lyonnais le plus médiatique

Et s’il est sans doute aujourd’hui l’architecte lyonnais le plus médiatique (depuis la prise de recul d’Albert Constantin), Thierry Roche est pourtant à la tête d’un petit atelier qui réunit seulement une vingtaine de collaborateurs. C’est un choix.

Fils d’architecte, il a d’abord mené tambour battant son début de carrière, enchaînant les projets et les heures de travail sans compter… jusqu’à un burn out à la fin des années 1990.

« À une époque, mon approche était radicale, il fallait être dans la performance énergétique »

Thierry Roche revoit alors sa manière d’exercer le métier, pour ne prendre depuis que des projets avec lesquels il se sent aligné selon ses mots : « On choisit avec qui on travaille », pose-t-il au siège de l’Atelier Thierry Roche & Associés, installé depuis 2023 à la Confluence dans un ancien garage réhabilité.

Le bâtiment, renommé Zadiga-cité, est un bon condensé de la vision actuelle de Thierry Roche : il produit 2,5 fois plus d’énergie qu’il ne consomme, et se présente à la fois comme un lieu de travail, un atelier de transformation urbaine et un espace de rencontre avec une programmation dédiée à l’événementiel. En ligne avec sa volonté d’être « un créateur d’espaces “capables” ».

Son projet

L’atelier Thierry Roche, en association avec D2P Aménagement, pilote l’extension de l’hypermarché E.Leclerc à l’entrée de la commune de Meyzieu. « Un projet pas uniquement commercial », étant donné que l’opération compte également la construction de 500 logements (à la place d’anciens commerces rapatriés dans la future galerie marchande) et la reconversion d’une parcelle agricole en une ferme urbaine avec un espace maraîcher. « C’est un projet innovant dans sa conception puisque nous allons créer un véritable “quartier nourricier” qui laisse place à la nature », rapporte Thierry Roche. Livraison prévue en 2029.

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